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Sur le chemin de la simplicité ...
13 mai 2016

Que chaque instant de votre vie soit une fête de la nouveauté !

 BigMandala 

Que, pour toi, dans le vu il n’y ait que ce qui est vu;
dans l’entendu, que ce qui est entendu;
dans le senti ; que ce qui est senti ;
dans le connu, que ce qui est connu.

Ainsi, il n’y aura pour toi aucun agent;
en l’absence d’agent, il n’y aura pour toi aucun appui;
en l’absence d’appui, il n’y aura pour toi ni ce monde, ni un monde au-delà, ni rien entre les deux.
Cela, et cela seulement, est la fin de la souffrance.

Malunkyaputta Sutta

  

Lors de ma lecture du livre de Gilles Farcet, Arnaud Desjardins ou l'aventure de la sagesse, j’avais été frappée par la pratique qui lui a permis de se libérer lui, l’homme du monde, mari et père de famille, soumis aux nécessités d’une vie quotidienne urbaine. Cette pratique, c’est tout simplement l’observation.

«Le fait de suffoquer à six heures du soir dans une rame de métro bondée se révèle aussi palpitant et spirituellement plus fécond qu’une interminable méditation dans le hall de Tiruvanamalai ou l’étude passionnée du symbolisme biblique.
Tout est d’abord affaire d’attitude intérieure. La possible progression repose sur la manière de se situer face aux circonstances que la vie nous impose. (…)
 L’occasion de s’engager à part entière sur la voie nous est perpétuellement offerte, pourvu que l’existence elle-même sous la forme qu’elle prend ici et maintenant soit abordée comme le chemin.
Le monde devient un vaste monastère, et qui s’y entend mieux que le destin lui-même à nous ménager des possibilités de dépasser nos vieux réflexes ?»
  p.260

Le récit de l’évolution spirituelle d’Arnaud m'a fait comprendre concrètement la nécessité de porter un regard assidu sur mon comportement au quotidien. 
Comme lui, je me suis mise à observer les mouvements des émotions réactionnelles qui surgissent en moi. 
Cette observation coupe le lien d'esclavage réactionnel: je peux ne pas réagir comme mon karma m'a programmé à réagir.

Observer et ne pas réagir dans l'instant. 

« Plutôt que d’aspirer à brusquement recevoir une illumination, le disciple s’emploiera à observer en pleine action l’ensemble des mécanismes et des habitudes motrices, émotionnelles et psychiques qui lui interdisent de pleinement communier avec le réel.  (…)
Les  écritures sacrée exaltent le Brahman, l’absolu « un sans second »; l’on peut certes consacrer une existence entière à spéculer sur la nature de cette non-dualité, tout en la bafouant instant après instant au fil de ses journées.
Et si l’application instantanée de cette formule n’était autre que l’acceptation pleine et entière du réel ici et maintenant ? (attention à ne pas se tromper sur le sens de cette acceptation !). (…)
C’est par le recouvrement continuel de ce qui simplement est, au travers de comparaisons totalement injustifiées, que nous nous coupons du réel dont la juste appréhension suffirait à nous révéler la paix des profondeurs.

 « Not what should be, but what is » « Non ce qui devrait être, mais ce qui est».

Je pressentais que cette démarche était fondamentale, extrêmement importante malgré son apparente banalité. "Observer et laisser passer": Ce n’est pas une découverte, je l’ai entendu dire des centaines de fois au cours des dernières années, mais voilà: il s’agit de faire siennes des vérités métaphysiques depuis longtemps familières sur le seul plan intellectuel.

La méthode de Swami Prajnanpad rejoint ici la méthode bouddhiste que l’on nomme «la discipline mentale».
Ce « développement de l’esprit » consiste à pratiquer la plus grande vigilance à tous les mouvements de l’esprit, à tous les processus mentaux qui accompagnent l’expérience dans une sorte de "méta-attention".
Et c’est bien une étape cruciale sur le chemin de la libération, comme l’explique Thierry Palissard dans son excellent bouquin sur la pensée bouddhiste*:

«Les préceptes éthiques visent à contrer les conditionnements grossiers du corps et de l’esprit, la discipline mentale vise à libérer l’esprit en écartant les illusions qui l’obsèdent.

On pourrait dire que l’observation de l’esprit est la « méthode expérimentale » liée à la métaphysique bouddhique. L’esprit est à la fois l’observateur et la chose observée ; de ce fait, parvenir à caractériser tous les conditionnements qui régissent l’être empirique, c’est déjà commencer à y échapper. p.110

Cette observation est terriblement libératrice.

Elle introduit des moments de silence et de respiration dans la course des jours, dans le flot des conversations.

Il s'agit de s'autoriser à changer de rythme.
Plongée dans un monde où règne l'instantané, l'immédiat, je m'exerce à la pause, je m'autorise la suspension.
Je deviens spectatrice de ce qui se joue en moi et découvre des réactions dont je n'avais que confusément conscience jusque-là et c'est tout à fait fascinant!

Voyez cette pluie d'émotions, de pensées, de tensions dans le corps en réaction à l'agression, à l'insatisfaction, à la peur mais aussi au contentement, à la fierté, au plaisir...

Il s'agit pour moi, inspirée par cette approche finalement zen, de me désidentifier, d'immobiliser les mouvements de mon personnage sur le théâtre de nos egos. 

Éducation à l'observation patiente et passionnée, érosion de l'égocentrisme. Quelle leçon magistrale!

Et Desjardins découvre alors avec stupeur que tout en aspirant à transcender le plan ordinaire de l’existence, jamais il n’en a eu la complète sensation.
Il a certes éprouvé comme tout un chacun des joies et des chagrins, des douleurs et des bonheurs ; mais les-a-t-il vraiment connus, ressentis en pleine conscience ?
Les instants dits heureux ont été vécus dans l’excitation et l’appréhension inconsciente de les voir se dissiper; les instants dits malheureux dans le refus et la conviction qu’il aurait du en être autrement.
Sait-il réellement ce qu’est la douleur, connaît-il le plaisir ?
Comment espérer se situer un jour au-delà de ces opposés sans les avoir authentiquement appréhendés ?
C’est en osant s’ouvrir sans restriction aucune au jeu de la dualité, en adhérant de tout son être à chaque variation de la vie ressentie comme « fête de la nouveauté » qu’il aboutira à la non-dualité dans l’existence quotidienne.
« Swamiji va vous confier un secret ; Swamiji ne sait rien sauf une chose : être un avec tout. »

*La Pensée bouddhiste Une métaphysique de la délivrance par Thierry Falissard aux éditions Almora

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