Kontin: zazen en dormant
Kontin = sombrer (tin) dans l'obscurité (kon) se dit de l'état d'un disciple somnolant pendant zazen, assoupissement.
Kontin était au menu de ma séance de zazen hier soir.
Je n'en ai pas été chagrinée outre mesure. J'ai tenté de concentrer davantage mon attention sur la pression de mes pouces qui s'éloignaient tranquillement l'un de l'autre, puis je me suis ouverte un peu plus aux perceptions extérieures.
Rien à faire...
Je sommeillais à demi, avec ce talent très particulier de réussir à dormir assise, sans basculer ni en avant, ni en arrière, sans ronfler ni parler subitement à haute voix dans mon sommeil (ce que je fais parfois la nuit).
Lorsque l'occasion s'est présentée à moi, j'ai demandé le kyosaku*.
Le bâton d'éveil fut fortement frappé très près de ma colonne vertébrale. Mais, même en frôlant la paraplégie...
Rien à faire...
Au bout de quelques minutes la délicieuse volupté de kontin m'a rattrapée. Rien ne pouvait me déranger, m'arracher à cette absence.
Rien à faire...
* "Kyosaku désigne le bâton qui éveille l'attention. Il apporte pendant zazen une aide précieuse à la concentration.
Lorsque le mental est agité (sanran), des tensions se créent. Lorsque la somnolence apparaît (kontin), la posture se relâche. Il est alors possible de demander le kyosaku en joignant les mains en gassho.
Le kyosaku se donne sur l'épaule droite, puis sur l'épaule gauche. Il frappe une zone précise, riche en points d'acupuncture, remet l'énergie en mouvement et rafraîchit la concentration. Donné et reçu avec respect, il sert à ramener le pratiquant à la tension juste du corps et de l'esprit.
Le kyosaku aide à couper les illusions et élève l'esprit à une plus haute dimension. Depuis longtemps les maîtres zen ont aidé leurs disciples de cette manière.
Sur le kyosaku sont calligraphiées des sentences telles que "makumozo" : "ne pas se faire d'illusions"."