Le désir du Soi

Dès les premières pages du livre d'Henri Le Saux, j'ai retrouvé l'atmosphère de la méditation: le calme, l'aspiration profonde au silence, au recueillement.

Une grande expiration s'est faite en moi et me revoici, les pieds à nouveau ancrés au sol, comme si j'étais ballotée au gré de mes émotions, accablée par les menus évènements désagréables du quotidien et que je touchais terre à nouveau.

Voilà que soudain, après quelques pages, le calme se fait et réapparait ce qui a toujours été là, mais voilé encore et toujours.

La clarté de cette intuition est-elle condamnée à ternir sous les assauts du quotidien, avec son cortège de corvées domestiques ?

Comment rendre celle-ci plus légères afin de laisser place à la méditation du soir ?

La révélation du Soi est-elle compatible avec la vie de famille, le travail de bureau et la vie de couple ?

Comments

[monko]

Bonjour "mamétisse",
Les émotions fortes, d'une certaine manière, ne voilent rien; elles sont l'expression du Soi et, dans l'instant, nous ne sommes que cette émotion. Il n'y a aucun problème avec cette émotion. Le problème arrive quand, une fois l'émotion pure consumée, nous entrons dans un dialogue avec elle, avec des jugements sur soi-même (du style le Soi m'a été voilé, et c'est ma faute en plus...et ce faisant nous faisons du Soi un objet car seul un objet peut être voilé) Nous avons pris livraison de l'émotion qui était l'ordre cosmique en marche, au moment même de l'apparition de l'émotion, et qui n'apparaissait à personne. Il n'y avait qu'émotion, laquelle était la paix du Soi en mouvement. La paix, nous la perdons quand nous nous accrochons à la pensée-racine "je" qui apparaît juste après l'émotion (et qui n'était pas là pendant l'explosion) qui va entrer en relation avec les traces de l'émotion et maintenir à la fois l'émotion et celui ou celle à qui elle est apparue, qui n'était pas présent dans l'apparition spontanée et absolue de l'émotion. L'émotion pure n'emprisonne pas, elle est l'expression de notre liberté qui se manifeste, à cet instant précis, ainsi. Mais ce dialogue insensé (sans sens) entre "moi" (une pensée, la pensée "je") et un autre objet (l'émotion), c'est cela qui nous coupe de la paix, de Dieu.
Monko
(désolé pour ce "retard"...)
Tout à toi.

[Mamétisse]

Cher Monko,
Tu as raison: la paix, une certaine façon posée de faire face à tous les évènements de l'existence - tristes ou joyeux - reste pour moi le signe de la révélation du Soi.
Je sais bien que Dieu est là tout le temps mais dès que des émotions trop fortes le voilent, je perds cet ancrage, en tout cas, je ne le sens plus et me sens perdue et ballotée loin de sa Présence. Je me demandais " peut-on rester ouvert au Soi dans le vie quotidienne ?"
Merci de me rappeler que c'est la fermeture à cet amour qui est une illusion, que nous créons, dans notre ignorance.

[monko2000]

Bonjour;
La révélation du Soi est compatible avec tout puisqu'elle EST ce tout: bien souvent, nous n'en faisons pas l'expérience car nous attendons quelque chose de cette révélation, une sorte de bonheur qui transcenderait "l'ennui" de nos tâches quotidiennes; nous cherchons donc un objet. "Compatible" est déjà une séparation entre une chose et une autre, la croyance qu'il y a 2, donc dualité. L'ennui concerne "quelqu'un", et donc entretient une dualité entre "moi" et la tâche à accomplir. La vie de famille EST le Soi; le travail de bureau EST Liberté: bien souvent elle ne l'est pas dans notre expérience parce que nous entretenons la croyance qu'il y "quelqu'un" au bureau, cherchant à se libérer du travail de bureau, ou de l'ennui du travail de bureau, ou trouver la joie dans le travail de bureau, etc... un mic-mac quoi! Nous entretenons une dualité qui renforce, et notre réalité INDIVIDUELLE, et l'apparente réalité du travail de bureau. Il faut voir qu'il n'y a pas 2: juste le Soi: le Soi pur repos en lequel le Soi-bureau est invité...Mais tout est le Soi, unité, et il n'y a personne pour prendre livraison de quoi que ce soit, personne à libérer, personne à rendre joyeux! C'est très confortable: il n'y a rien à faire ou à trouver, juste se laisser trouver...
Avec tout mon Amour,
Monko