Dire le Silence
La dernière phrase du conte d'hier est mystérieuse:
"Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince.
Le Silence l'habita.
« Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage,
celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence »."
Lorsqu'il arrête de guerroyer contre le monde, contre les autres, contre lui-même, le prince se tait. Il est en paix. Il n'y a plus rien à ajouter. C'est le silence de la plénitude.
Mais la plénitude du silence n'est, elle, pas forcément silencieuse.
Le Silence intérieur, la fin du combat laisse la place à l'élaboration d'une parole différente. Une parole silencieuse.
Une parole qui ne fait pas de bruit mais invite au grand Silence, à la paix.
Tandis que je me lance dans la grande aventure de la lecture du livre de Raimon Panikkar Le silence du Bouddha Une introduction à l'athéisme religieux, je tombe sur la phrase suivante:
"Il est très légitime de faire parler le silence;
mais il importe parfois de parcourir le chemin en sens inverse et de ramener les mots à leur silence primordial.
Celui qui n'a pas goûté le silence ne savoure pas la parole."
Et puis sur ce poème de Raimon Panikkar, en exergue de son livre:
Para que el silencio sea una respuesta,
tiene que haber antes la cuestión silente.
Pero toda cuestión silente
guarda en el silencio la misma pregunta.
Y si no hay pregunta,
ya no hay respuesta;
hay una mirada,
hay una sonrisa;
es un amor,
es un perdón;
todo,
nada,
sí,
no.
Pour que le silence soit une réponse,
Il doit y avoir avant la question silencieuse.
Mais toute question silencieuse
Garde dans le silence la question même.
S'il n'y a pas de question,
Il n'y a plus de réponse;
Il y a un regard,
Il y a un sourire;
C'est un amour,
C'est un pardon;
Tout,
Rien,
Oui,
Non.