Chant de l'âme
Je suis une source qui jaillit et s'écoule
Mais c'est au profond de la nuit
Cette source éternelle, elle reste cachée
mais je n'ignore pas d'où elle prend naissance
et c'est au profond de la nuit
Je sais, à vrai dire, qu'elle est sans origine.
Tout en elle, pourtant, va plonger sa racine
Mais c'est au profond de la nuit
Jamais il ne sera de beauté qui l'égale,
Le ciel, l'univers vont s'y désaltérer
Mais c'est au profond de la nuit
Elle est, je le sais bien, tout à fait insondable
Et je le sais aussi, elle n'est pas guéable
Pas même au profond de la nuit
Jamais son bel éclat ne pourra s'obscurcir
Toute lumière aussi, d'elle seule, jaillit
Mais c'est au profond de la nuit
Je sais bien que ses flots, sans cesse débordants
Arrosent l'abime, la terre et tous les peuples
Mais c'est au profond de la nuit
Cette source d'eau vive, objet de mes désirs
Et ce vin, pain de vie, je la vois, la contemple
Mais c'est au profond de la nuit
Saint Jean de la Croix, Oeuvres complètes, édition du Cerf
Ce poème cité dans l'émission de Leili Anvar Qu'est ce qu'une vie spirituelle?, résonne puissamment avec cette réalité absolue qui est souvent évoquée par les maîtres du Dharma. Il évoque aussi pour moi l'espérance au coeur de la nuit. La lumière au coeur de la souffrance.