Mon professeur de solitude

Il est celui qui m'est le plus proche.

Nous avons unis nos vies et nous nous sommes donnés l'un à l'autre. Définitivement.

Or nous restons radicalement étrangers l'un à l'autre. Presque hermétiques à ce que l'autre vit et ressent et désire au plus profond de son être.

Il est mon maître de solitude, non pas celle qui englouti et noie mais plutôt celle qui petit à petit fait renoncer aux vains espoirs de communion.

Celle qui oblige à rendre les armes et à "tourner son regard vers l'intérieur" comme on le dit dans le zen.

Là où se trouve notre vrai trésor.

Comments

[mamounette_007]

Merci de ta réponse.

"Curieusement, j’ai toujours une sorte de pudeur qui me fait toujours attendre que l’autre fasse le premier pas, qu’il devine que quelque chose ne va pas, bref, qu’il voie en moi"

Je pense avoir un peu cette tendance aussi, mais je ne vois pas ça, pour ma part, comme pudeur. J'ai l'impression que pour moi c'est plus pour tester, pour voir si j'existe pour l'autre. Mais aussi il est vrai que ça a été aussi par moments pour ne pas déranger l'autre.

Je ne sais pas si j'avais pleins d'idées sur l'amour, mais je sais que j'aime "coller" et que je me verrais mal y renoncer complètement.

Pour Daniel la communication non verbale est la plus importante, mais je suis plus transparente que lui, ce qui fait que j'apprends beaucoup de choses après tout le monde par ses publications sur internet... On est pas mal sur la même longueur d'ondes sauf sur ce qui lui tient le plus à coeur : Dieu. Je ne suis pas du tout dans une démarche spirituelle, j'essaye de m'y intéresser depuis des années, parfois je me sans très inspirée, mais il y a quelque chose en moi qui bloque sur le spirituel.

J'ai tendance je crois à toujours chercher mon centre, comme tu dis, ailleurs qu'en moi. J'ai aussi l'impression de mal aimer et pas assez.



"Est-ce que tu peux m’expliquer un peu plus ce que tu veux dire quand tu écris : «pour moi, ma condition de femme se résume pas mal à ce désir. » ? "

Au désir d'être remplie sans doute ou de sentir moins seule en mon être.

"Est-ce que toi aussi tu parviens à entrer dans les canaux de ton conjoint ?"

En tant que femme ce n'est pas trop ma fonction, en tout cas nos intentions semblent différentes (lui veut nourrir, moi je cherche à me réfugier), mais il y a quand même une sorte de mélange de vents féminins et masculins qui se produit et qui nourrit les 2.

"Est-ce le résultat d’une pratique particulière?"

De son côté oui et de mon côté je suis ma nature féminine et ça lui convient. On fait aussi des massages pour travailler le lien entre la sensation tactile et le coeur (enfin, surtout lui parce que j'ai du mal à me concentrer sur 2 choses à la fois).

"Est-ce que tu t’oublies complètement à ce moment-là ou bien tu ressens dans ton propre corps une connexion forte avec l’autre comme ce lien fusionnel qu’on peut ressentir avec son enfant ?"

A ce moment-là c'est plus que je ne m'identifie plus trop, il y a juste 2 êtres qui s'aiment et une sorte de connexion mais pas du tout comme avec un enfant. Avec ma fille je sens plutôt qu'on est une prolongation l'une de l'autre.

"et parfois, une impression d’unité se manifeste comme une grâce précieuse… "

Là c'est moi qui te demande des précisions...



ps : moi aussi j'ai vu tes enfants (sur fb), ils sont bien beaux dis-donc !

ps2 : si tu veux continuer la discussion on peut faire en privé si tu veux.

[mamounette_007]

"Il est mon maître de solitude, non pas celle qui englouti et noie mais plutôt celle qui petit à petit fait renoncer aux vains espoirs de communion."

Je ne sais si cet article est d'actualité. Peu importe le sujet me paraît d'actualité tant on voit de couples autour de soi qui n'arrivent pas à communiquer. Pour ma part je peux dire que la communication est possible en couple. Je peux d'autant plus le dire que j'ai l'impression à un certain moment de ma vie d'avoir un peu ressenti votre déception (je ne sais si le terme est juste, mais bon...). J'ai vécu pendant 10 ans avec un homme féru de spiritualité et de bouddhisme. Moi je ne l'étais pas du tout et ne le suis toujours guère. Cependant j'étais amoureuse et ai essayé de le suivre partout où il pensait bon de me mener. J'ai essayé de pratiquer avec lui. Mais ce n'étais pas ce dont j'avais viscéralement besoin. J'avais besoin qu'on me fasse sentir que je comptais et vous savez bien comme c'est (en apparence) incompatible avec le bouddhisme. Cependant je ne regrette pas, j'ai aimé l'aimer. Aujourd'hui, je suis avec quelqu'un que je peux considérer comme un ami tendre. Lui aussi est féru de spiritualité, mais autant dans le sensible (voire plus) que dans l'intellect. J'ai un physique (d'après lui) très sensible et il sait m'entourer comme mon corps en a besoin. Nos corps s'aiment, se complètent et se comprennent souvent et dans n'importe quelle circonstance (ça aide avec un minimum de contact). Mon ami a même failli faire un malaise vagal quand il a vu ma cicatrice le lendemain de ma césarienne par un phénomène d'empathie qui l'a surpris lui-même. C'est pas pour autant que ça fait mon bonheur, mais en même temps j'ai l'impression d'être plus capable d'aimer et c'est grâce à lui que le désir d'être mère a pu se révéler physiquement. Kelsang Gyatso dit qu'on peut entrer dans les canaux des autres et pour avoir connu les 2 situations, je peux dire que ce n'est pas la même chose quand une personne entre ou n'entre pas en nous. Et pour moi, ma condition de femme se résume pas mal à ce désir.