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Sur le chemin de la simplicité ...
27 novembre 2017

Vie de famille et vie spirituelle

giphy

«C'est pourquoi, parmi tous les Bouddhas,
aucun n'a réalisé la Voie
en menant une vie de famille...»
Texte de la cérémonie d'ordination des moines et nonnes zen

Dans ma préparation à l'ordination de nonne, je suis amenée à réfléchir à la manière de concilier au mieux cet engagement avec ma vie familiale et professionnelle.

Dans une émission de Sagesses bouddhistes, Lama Jigmé Rinpotché affirmait:
«Si nous aspirons à l'éveil parfait du Bouddha, alors il ne faut avoir aucun attachement à toutes les conditions mondaines. Le Bouddha a donné le conseil d'être moine et pour être moine il faut être détaché. C'est la raison por laquelle un moine ne se marie pas, n'a pas de propriété et n'a aucun attachement. Il est simplement centré ou focalisé sur l'éveil.

Mais si notre but principal n'est pas l'obtention de l'éveil, nous pouvons appliquer des méthodes comme la méditation, la contemplation, appliquer les enseignements. Rester en retraite permet d'atteindre l'éveil total. Pour cela il faut renoncer à tout.

Mais lorsque l'on parle de famille, il s'agit d'améliorer notre vie, d'améliorer cette vie et pour cela il y a beaucoup de condition. Nous pouvons créer du karma positif et bénéfique, essayer de réduire le karma néfaste . Pour cela il faut developper une générosité, une conduite éthique et une action juste.
Si vous développons de cette manière positive, vie après vie, nous nous améliorons.»

La messe est dite ! Pour Lama Jigmé Rinpotché, l'éveil n'est pas pour la maman qui travaille. Mais vie après vie, elle peut espérer une renaissance en religieuse renonçant à toute vie de famille...

Pour mon maître, Roland Rech, la vie dans le monde est possible et souhaitable au contraire pour la nonne et le moine. Et ceci est une spécificité apportée par Maître Deshimaru:

«On peut être confronté aux objets de désir, on n’est pas obligé de les suivre, on peut être sollicité par toutes sortes d’affiches plus ou moins érotiques sans pour autant devenir un obsédé sexuel. On peut être dans une société où beaucoup de gens sont avides de faire fortune et faire son travail dans un esprit de désintéressement, non pas de refuser tout salaire ou toute rémunération, bien au contraire, avoir un salaire juste pour ce que l’on fait, mais que cela ne soit pas le moteur de notre action. Le moteur de notre action c’est vraiment l’accomplissement spirituel qui se réalise dans le fait de donner son attention à ce que l’on fait et de le dédier aux autres.»

Être dans le monde sans être du monde:

«Étre dans le monde ne signifie pas suivre les valeurs erronées du monde, au contraire, c’est d’y être en témoignant qu’il y a une autre manière d’être dans l’activité professionnelle, dans la vie sociale sans la fuir pour autant.

C’est éviter cette alternative : ou on est dans le monde et on partage les illusions du monde, ou on s’en retire et on regarde le monde de sa hauteur spirituelle avec un certain dédain, ce qui est le contraire de la pratique d’éveil.»

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«Il y a de bons attachements, l’attachement c’est fondamental quand on fait des enfants. Si un père ou une mère n’est pas attaché à son enfant, l’enfant ne peut pas survivre, ne peut pas évoluer ; donc il y a un attachement qui n’est pas un attachement égoïste mais qui est un amour porté à un être qui a besoin de cet amour pour se développer, et à ce moment là ce n’est pas un attachement, c’est un amour bienveillant, le don de prendre soin de l’autre. Ce n’est même plus de l’attachement, le non-attachement ne veut pas dire se désintéresser des autres, mais ne pas être en relation avec les autres pour ce qu’ils apportent à soi-même, ce qui est le contraire du véritable amour. Donc on peut tout à fait mener une autre vie tout en étant moine parce que la vie de famille c’est véritablement une occasion de pratiquer le don, la vigilance, l’attention à l’autre, la générosité, prendre soin de toute la famille c’est une pratique de moine.

D’ailleurs une des principales qualités du tenzo*, le chef de cuisine dans un monastère c’est l’esprit, on appelle ça "roshin", "l’esprit parental", l’esprit d’une mère pour ses enfants, il doit traiter tous les êtres et même tous les objets, même les casseroles, toute chose, même un grain de riz, comme la chose la plus précieuse, comme la prunelle de ses yeux et pour désigner cet esprit on dit que c’est l’esprit parental, donc l’esprit parental c’est l’esprit du moine

En ce qui concerne la vie conjuguale, Roland précise:

«Nous pensons dans le bouddhisme mahayana que même si on prend des vœux de chasteté, il vaut mieux que cela soit des vœux temporaires pendant lesquels on va être vraiment chaste, le temps d’une sesshin, ou le temps d’une vie dans un monastère pendant trois mois, six mois, un an, mais qu’on connaisse aussi ce qu’est le désir sexuel, ne serait-ce que pour comprendre les autres et comprendre aussi comment ça peut devenir source de souffrance autant que d’épanouissement. Le Bouddha disait d’ailleurs qu’un moine doit comprendre réellement le désir et le plaisir sexuel, sinon il ne peut pas comprendre comment ils peuvent être un danger et comment aussi ils peuvent être, si on est un disciple laïc suivant les préceptes de Bouddha, une occasion de manifester son amour

On entend souvent cette analyse que le moine est celui qui est seul - monos - celui qui se retire physiquement du monde pour être seul avec le Seul. Pourtant, en dehors des ermites, le moine qui entre au monastère ne se retrouve pas seul mais avec en communauté avec une sangha* dont il ne choisit pas les membres et leurs différents caractères. Et cette sangha est un trésor, un des Trois Trésors avec le Bouddha et le Dharma*.

caillou

J'aime cette image de la sangha, et plus largement de la communauté humaine, comme un sac dans lequel sont déposées des pierres. A force de frotter les unes contre les autres, les aspérités s'érodent et la pierre se polit.

Dans une vie de famille, c'est le conjoint, les enfants et le monde qui nous polit, si on y consent. Et c'est dans cette vie-là que l'on accepte d'être moine, d'être un avec son conjoint.
Le sacrement du mariage chrétien nous apprend que dans le couple, l'homme et la femme sont appelés à ne faire qu'un:

«Voilà pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme,
et tous deux ne feront plus qu’un.

À cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul.»
Saint Matthieu 19 3-12

Roland conclut: «Ce qui me paraît fondamental c’est de retrouver l’unité de sa vie, qui est le sens même d’être moine, à mon avis ça ne devrait pas être réservé aux moines, et de retrouver l’unité de sa vie, c’est ce qui nous permet d’avoir un sens, et de retrouver un sens à la vie c’est ce qui nous permet de surmonter la crise de notre civilisation".

* clique sur le lien pour consulter le lexique du blog

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