Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sur le chemin de la simplicité ...
12 juillet 2016

Dans le nu de la nuit

« Derrière moi, j'entendis le même homme demander :
— Où donc est Dieu ?

Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
— Où Il est ? Le voici – Il est pendu ici, à cette potence. »

Cette scène de La Nuit décrit la certitude qui se fraie un chemin dans l'âme du jeune Eliezer, tandis qu'il observe l'agonie d'un jeune enfant au visage d'ange qui vient d'être pendu: Dieu a déserté.

«Je n'étais plus capable de gémir. Je me sentais, au contraire, très fort. J'étais l'accusateur. Et l'accusé : Dieu. Mes yeux s'étaient ouverts et j'étais seul, terriblement seul dans le monde sans Dieu, sans hommes

9782707304070FS

Ce livre raconte, dans une magnifique et pétrifiante économie de mots, la vie dans les camps de la mort où, à quinze ans, Elie Wiesel perdit sa mère, son père et la plus jeune de ses soeurs. Il y perdit aussi sa foi. Dans la préface, François Mauriac s'avoue bouleversé par cette mort de Dieu dans une âme d'enfant.

« Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp, qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée.
Jamais je n'oublierai cette fumée.
Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet.
Jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi.
Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du désir de vivre.
Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert.
Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais. »

Dans son hommage à Elie Wiesel paru dans Le Point du 7/07, Franz-Olivier Giesbert affirme :

«Une fois qu'on a lu "La Nuit", la vie n'est plus jamais pareille. Notre regard sur les hommes non plus.Il y a des phrases qui s'impriment à jamais dans nos têtes comme celle-ci: "Personne n'implorait l'aide de personne. On mourrait parce qu'il fallait mourir. On ne faisait pas de difficultés."»

J'hésitais à me plonger dans ce livre que l'on me recommandait. Qui a envie de plonger dans l'horreur? Mais ce livre est très particulier. Il nous tient. On en sort essouflé et le coeur battant.

Il décrit le fond de notre être qu'il nous faut sans cesse garder à l'esprit: l'aveuglement, la cruauté, la honte, le courage qui côtoie l'animalité.

«Si vous n'avez pas encore lu ce livre, je vous plains et je vous envie en même temps.» Je ne saurais mieux dire.

La Nuit de Elie Wiesel, Les Éditions de minuit

Publicité
Publicité
Commentaires
Sur le chemin de la simplicité ...
Publicité
En ce moment je lis:

Le Livre de ma vie

par sainte Thérèse d'Avila

41xPwDT4qsL

 

 

commentaires

Derniers commentaires
Publicité