Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sur le chemin de la simplicité ...
19 septembre 2014

Lecture d'été: L'Énigme du retour par Dany Laferrière

peinture Haiti

Flamants roses et forêt
Peinture naïve haïtienne de Henri Robert Bresil (1942-1999)

Ce livre, écrit avant le séisme du 12 janvier 2010 a reçu le prix Médicis.
Conseillée par Antoine, le poète public, j'ai dévoré ce livre avec délectation.
Cette voix si particulière de Dany Laferrière, cette poésie simple et belle "sans un mot de trop", m'a fait découvrir des mondes inconnus: les mondes d'Haïti, où la sensualité côtoie la sous-alimentation chronique.
On approche ce que peux représenter l'exil, dans la vie d'un homme, la place du père et l'empreinte de l'enfance.

«La glace brûle plus profondément
que le feu
mais l'herbe se souvient
de la caresse du soleil.»

«Il y a, sous cette glace
des désirs plus brûlants
et des élans plus vifs
qu'en n'importe quelle autre saison.
Les femmes d'ici le savent.»

«Bien au chaud, on cause aisément
tout en pansant de vieilles blessures.
Les blessures dont on a honte
ne se guérissent pas.»

«Je me souviens que je me jetais au lit
pour tenter  d'atténuer cette faim

qui me dévorait les entrailles.
Aujourd'hui, je dors plutôt
afin de quitter mon corps
et calmer ma soif des visages d'autrefois.»

«Après toutes ces années d'usage
il ne reste presque plus rien de spontané en moi.
pourtant à l'annonce de la nouvelle au téléphone
j'ai entendu ce petit bruit sec
que fait un coeur qui s'arrête.»

dany

«Un jeune homme de vingt-trois ans a quitté son pays de façon précipitée. Un homme épuisé y retourne, trente-trois ans plus tard. Le jeune homme est passé de l’étouffante chaleur de Port-au-Prince à l’interminable hiver de Montréal. Du Sud au Nord. De la jeunesse à l’âge mûr. Entre ces deux pôles se trouve coincé le temps pourri de l’exil. 

Une nuit, un coup de fil lui apprend le décès de son père à New York. Ce père qu’il n’a pratiquement vu qu’en photo. Cet événement le fait quitter la baignoire pour prendre la route. D’abord n’importe où, vers le nord; comme un adieu à cet univers de glace qui l’a tenu au frais si longtemps. Puis à New York pour les funérailles de son père, que l’exil avait rendu fou. Il compte le ramener à son village natal de Barradères, dans le sud d’Haïti. Pas le corps, qui appartient au voyage. Plutôt l’esprit. Des funérailles sans cadavre. Et le voici à Port-au-Prince, où il se terre dans une chambre à l’hôtel, n’osant regarder cette ville qu’il a tant rêvée là-bas dans sa baignoire, à Montréal.

Si, dans Je suis un écrivain japonais, Dany Laferrière s’était donné pour but de vider le concept d’identité de tout son contenu, il poursuit ici l’objectif contraire. Qu’est-ce qui fait que nous venons indéniablement d’un lieu, d’une culture ? Pourquoi sommes-nous toujours le fils de notre père ? Un roman à la forme neuve, originale, qui mêle haïku et narration. Un livre grave, poétique, onirique, réaliste. Le livre d’un très grand écrivain.»

Publicité
Publicité
Commentaires
Sur le chemin de la simplicité ...
Publicité
En ce moment je lis:

Le Livre de ma vie

par sainte Thérèse d'Avila

41xPwDT4qsL

 

 

commentaires

Derniers commentaires
Publicité