Mon mois sans alcool
Le mois d'août était placé pour moi sous le signe de l'abstinence d'alcool.
Je n'ai jamais été une grande consommatrice de boissons alcoolisées. J'ai développé le goût pour le vin ou la bière assez tardivement et ce n'est que récemment que l'alcool est réellement entré dans ma vie.
Jusqu'à présent ma consommation était très exceptionnelle,et réservée aux grandes occasions.
Puis j'ai commencé à apprécier les mini-bières qui sont devenues quasi-quotidiennes. Mon corps et mon esprit se sont habitué à cette récompense en fin de journée, qui me permettait de me détendre doucement, et de faire face à l'angoisse ou aux contrariétés du quotidien.
Et puis, à une vitesse vertigineuse, l'alcool, de plus en plus fort, est devenu le compagnon quotidien de mes soirées. J'ai compris que cette pente dangereuse était très glissante.
Une certaine forme d'attachement, prélude à la dépendance, avait pris naissance en moi. Alors, cette "année sans" a été l'occasion de placer très vite cette expérience d'un mois sans alcool.
Bilan du défi "Un mois sans alcool"
Je suis très heureuse de constater que j'ai totalement respecté le contrat et que ce ne fut pas aussi difficile que j'aurais pu le craindre.
Ce n'est pas l'alcool en tant que compensation des tensions, des frustrations du quotidien qui m'a manqué.
Très rapidement, je n'y ai plus pensé, j'ai remplacé le moment de détente du soir avec mon verre de vodka ou de porto par des litres de Roïbos et par l'observation bienveillante du manque en moi.
L'alcool qui m'a manqué, c'est l'alcool festif, celui que l'on partage entre amis et que l'on déguste:
- Dès le premier jour du défi, ma stagiaire a apporté au bureau une bouteille de crémant pour accompagner sa délicieuse tarte à l'abricot et fêter ainsi son départ. J'ai dû décliner l'offre en buvant un thé vert à la place. La tarte était délicieuse! Alors que je me tenais prête à expliquer mon choix et à passer pour une hurluberlue, je n'ai pas eu de remarque à ce sujet.
- Nous avons visité le pays de la Loire cet été, et avons fait une halte à Bourgueil!
«Bourgueil est au cœur du vignoble de Touraine, sur les coteaux du Val de Loire, produisant des vins rouges réputés qui furent célébrés par Ronsard, par Rabelais et par Honoré de Balzac dans Maître Cornélius, (1831) où Louis XI demande "qu'on lui fasse servir du bon vin de Bourgueil à table".»
Là, j'ai vraiment eu l'impression de passer à côté de quelque chose mais j'ai poussé la discipline jusqu'à refuser d'acheter une bouteille pour une consommation ultérieure!
- Lors de la soirée de fête ponctuant mon séjour au temple zen, j'ai été assez frustrée par le jus d'abricot en lieu et place de la bière d'Abbaye traditionnelle. La fête est là pour que les gens se lâchent un peu et la légère ivresse de l'alcool m'a manqué pour me sentir vraiement partie prenante de la fête. Sobre, j'ai assisté aux éclats de rire, aux danses avec un regard extérieur un peu raide. Ce fut tout de même une expérience intéressante à vivre
Vais-je réintroduire cette habitude?
A la suite de mes observations, j'ai décidé de prendre garde à la consommation solitaire d'alcool.
L'achat d'une bonne bouteille reste maintenant liée à la présence d'amis. Et c'est avec joie que je trinquerai avec eux.
J'en retire cet enseignement assez simple: je n'ai qu'une question à me poser avant de porter la coupe aux lèvres:
Qu'est ce qui motive cette consommation?:
Est-ce la frustration, l'envie de fuir les tensions, ou est-ce l'envie de partager un bon moment ensemble et de me griser en compagnie de ceux que j'aime?
«Ne pas s’intoxiquer le corps et l’esprit»
Le cinquième précepte du bouddhisme zen est le suivant: «Ne pas s’intoxiquer le corps et l’esprit»
C'est un précepte qui n'interdit pas l'alcool. Il s'agit de prendre soin du corps et de ne pas se laisser abuser l'esprit, que ce soit par de l'alcool, par des médicaments, des drogues, des jeux vidéo ou bien des croyances religieuses, ...
L'alcool a la capacité d'intoxiquer le corps et d'embrumer l'esprit. Il est une entrave à la pratique.
Tentative de fuite loin de dukkha, il devient dukkha lui-même.
Mon mois sans alcool m'a donné les clefs d'une consommation vigilante. A la vôtre!
Prochain épisode: Mon mois sans café!