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Sur le chemin de la simplicité ...
17 juillet 2012

Imagine... la simplicité volontaire vue par Gabriel Gaultier

BOUDDHA_s

"Vive la faillite ! Pour une France au ralenti

Cracks boursiers à répétition, réchauffement climatique, mise au piquet des nations fondatrices de la civilisation, chômage de masse… Il est temps de voir les choses en face : la richesse ne nous apporte que des ennuis. Et comme si cela ne suffisait pas, on en redemande. Sauvons l'euro ! Sus au déficit ! Travaillons douze heures par jour ! Non, quinze ! Réduisons les coûts ! Français, encore un effort : vous pouvez être plus compétitifs ! Le petit sou, toujours le petit sou !

Mais le Français, il est exsangue, fourbu. Il n'a plus la force de courir. Et ce n'est pas les 2% de «coup de pouce» au Smic qui vont lui donner du cœur au ventre. Et courir pour quoi ? Pour avoir le droit de courir encore, pour ne pas finir comme les copains grecs et italiens qui, paraît-il, vont salement redoubler cette année. Mais qu'est ce qu'on imagine ? Que la concurrence s'arrêtera quand on aura retrouvé notre place au chaud comme au bon vieux temps des colonies ?

Allons ! La vraie bonne idée au fond, c'est de tout arrêter. De tout filer aux Chinois, aux Indiens, aux Mexicains et qu'on n'en parle plus. Inverser le paradigme. Passer à la vitesse inférieure. Décevoir. Etre dernier de la classe. Ah, il fut un temps où c'était lui, le héros, le glandeur suprême, le roi du préau ! Pas la tête à claque premier en tout.

Rupture ! Retrouvons le goût de l'école buissonnière ! La fuite en arrière ! Voilà une spécialité dans laquelle on s'est toujours bien défendu, nous autres Français. Ah, ce n'est pas à Cupertino ou à Shanghai qu'ils vont nous piquer l'idée ! Enfin un plan à la mesure de notre ambition : mettre la France au ralenti. Plus de sous ? Tant mieux : on arrête de dépenser. Un pantalon et une paire de godasse par personne pour l'année.

Retour au bricolage. On ne jette plus ce qui peut servir. On transforme les trottoirs en jardins potagers. Rationnement d'essence. Les rares voitures marchent au gazogène. Un peu comme l'Occupation, mais sans les Allemands. Cuba sans le blocus. Le Mali sans conflit ethnique. La Suisse sans les Suisses. Et à propos de Suisse : retour au franc, cela va sans dire. Mais attention : aux anciens francs ! Pour la nouvelle monnaie on ne se casse pas la tête, on se contente de griffonner sur les billets : 1 euro = mille francs. De toute façon, le troc règne en maître.

Ah, la belle vie ! Quand on ne glisse pas en tandem jusqu'à la campagne pour échanger des œufs contre des robinets en fonte, on passe son temps au Louvre devant les tableaux de maîtres qu'on n'a jamais eu le temps de voir. Evidemment ce sont des faux. Les Vinci, les Rembrandt, les statues égyptiennes ont été vendus au Qatar à prix d'or. Dame ! Il faut bien entretenir les routes et maintenir les hôpitaux ! Pareil pour les Mirages et les Rafales : vendus aux rois nègres contre des bananes pour les enfants !

Avec l'électricité rationnée, plus de télévision. Nous redécouvrons l'ennui et son corollaire : le sexe à outrance, autre spécialité française. Les TGV, tirés par des vieilles locomotives diesels s'arrêtent tous les kilomètres aux petites gares de province, déversant les familles nombreuses nées de cette nouvelle activité. Attirés par ce parfum de Flower power, les touristes - et les devises - affluent, trouvant chez nous un paradis perdu, mélange de Californie des années 60 et de France des années 50, avec bonne bouffe, tablées interminables et sieste à l'ombre des tilleuls. Quant à la démocratie, elle s'en sort grandie. Les quelques fortunes qui n'ont pas fui à l'étranger se fondent en douceur dans cette France mal rasée. Bernard Arnault en veste Vuitton rapiécée apprend à pêcher le gardon avec son ancien chauffeur. La lutte des classes ne disparaît pas complètement mais l'amitié devient une issue acceptable. Au fond, comme nous l'a expliqué Camus, la question n'est pas de savoir si la fin justifie les moyens, mais ce qui justifie la fin. Et qu'est-ce qui justifie l'économie si ce n'est notre bonheur à tous ?"

Gabriel Gaultier, Publicitaire (!), Libération du 17/07/2012

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