Les trois poisons

Au coeur des mandalas bouddhistes, on peut voir cette étrange image: un cochon mordant la queue d'un serpent, mordant un coq qui mord à son tour la queue du cochon.

Elle représente ce que l'on appelle "les trois poisons", l'avidité, la colère et l'ignorance. ce qui, soit dit en passant, est très injuste pour ces animaux...

En ce moment, si je regarde dans le miroir, j'y vois donc un serpent. La colère m'habite. Une colère froide, un rejet puissant en réaction à une blessure insurmontée.

Cette colère est bien sûr déclenchée par une situation précise: la vision de mon homme absorbé par son écran d'ordinateur. Cette absence me blesse et ma réaction de défense est cette colère puissante qui me submerge.

Mais cette cause n'est que le déclencheur d'une émotion primordiale, ce poison présent en moi. Ce poison qui ne disparaîtra pas même si mon homme devenait tout à coup attentif, présent et attentionné.

La cause de cette colère est finalement accessoire même si la communication non-violente peut améliorer parfois les relations humaines.

Il y a une puissante énergie dans cette colère. Je sais que lorsque celle-ci s'essoufle, c'est la dépression qui pointe.

Cette énergie peut probablement être utilisée à bon escient. Je ne souhaite pas chasser cette colère mais apprendre d'elle. La dépasser.

Comprendre ce qu'elle a à m'apprendre de mes désirs, de mes peurs, de la force qui m'habite et de ce mécanisme de protection.

Une colère accueillie et comprise s'apaise. Le serpent lâche alors son emprise et la ronde infernale cesse.

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Comments

[Frédéric]

Bel article très authentique et juste.

Mais si on passe, comme indiqué dans le texte, sur le monde CNV, quel besoin n'est pas satisfait et comment pourrait-il être exprimé sous forme de demande ?

Quand on reçoit la réponse à la demande (cela peut être une danse de besoins et de demandes ;o) ) on doit se positionner, sur ce qu'on fait, et on passe du "simple" émotionnel qui peut nous remplir (ou en même temps nous vider, avec la dépression) à l'agir (ce qui est le plus souvent contraire à la dépression qui nous ass-agit).

Mais ce qui va en effet un peu plus loin que la CNV c'est la reconnaissance du "poison fondamental", ce sentiment de manque continuel qui est toujours présent en nous, qui fait que rien ne pourra le combler. Et c'est toute la démarche du Dharma de justement nous apprendre à vivre avec ce manque en prenant conscience que ce qui a ce sentiment de manque est aussi une construction.

Merci encore pour ce bel échange qui amène réflexion.

chaleureusement

Frédéric

[Kaiko]

Merci Roy, de ton regard toujours bienveillant sur mes turpitudes!

[Roy]

J'admire !!!