Accident grave de voyageur
Hier soir, en rentrant de ma séance de méditation, je marche vite, j'essaie de ne pas me crisper dans cet air glacial, je descends rapidement dans le métro.
Mon trajet est direct, je réussirai peut-être à embrasser les enfants avant qu'ils ne s'endorment.
Et puis j'entends le message diffusé par les hauts parleurs:
"Suite à une accident grave de voyageur, le trafic est interrompu sur la ligne"
Ma première réaction est de me dire: "Flûte, comment vais-je rentrer à la maison, combien de changements compliqués vais-je devoir faire ? Quelle guigne !"
La dame à côté de moi, qui revenait elle aussi de zazen est restée silencieuse.
Et dans ce silence, j'ai pris conscience de mon insensibilité à la cause de ce contretemps.
Un "accident grave de voyageur", c'est parfois une chute sur les voies, c'est souvent un suicide.
Ces annonces sont fréquentes, les voyageurs en ont l'habitude.
Et voilà que mon indifférence me révèle l'étroitesse de mon coeur et l'étendue de mon égoïsme.
Article de Rue 89: Les suicides du métro, tabous et traumatismes