La Petite

 

 "Il faut se méfier des enfants sages. Ils portent parfois en eux des océans de désespoir."

Cette phrase, lue dans une présentation d'un roman à paraître bientôt, m'a percutée en plein coeur.

Personne ne s'est méfié de moi, lorsque j'étais enfant et que je portais en moi-même ces océans-là.

Ce fut mon chemin, mon "invitation" comme dirait l'homme que j'aime.

Mais Dieu que ce fut lourd pour mon coeur d'enfant...

On peut avoir envie de mourir de désespoir à 12 ans, lorsqu'on s'éveille à la vie et que celle-ci semble absurde.

L'avenir est trop loin, inaccessible, on ne croit pas vraiment qu'un jour on sera adulte, on vit au présent et le présent est lourd quand il est tissé de souffrance muette et invisible.

Alors oui, il faut se méfier des enfants sages, ou, plutôt, porter sur eux un regard attentif et leur transmettre des caisses de désir de vivre...

Comments

[Kaiko]

"Faire de sa vie un chef d'oeuvre",
j'aime cette ambition-là qui dit tout de la valeur de la vie.
"Ma vie", cette goutte d'eau dans l'océan de la vie peut, à son humble échelle, atteindre la perfection, non pas forcément dans des actes grandiloquent, mais dans une parfaite qualité d'être. Une totale adéquation avec notre raison d'être sur terre, raison que chacun a à découvrir.
Dans ma perspective, je dirais plutôt:
"Découvrir le chef d'oeuvre qu'est ma vie".
Comme le disait ma chère Etty Hillesum devant la mort si proche: "le Vie est belle et pleine de sens!"
Merci Herenui...

[Herenui]

Touché Kaiko...Savoir poser ce ce bagage qui nous encombre, être plus léger, aller de l'Avant...Et faire de sa vie un Chef d'Oeuvre...
Bises

[Kaiko]

Merci Mel pour ton message.
Je suis convaincue qu'une fois devenu adulte, on peut prendre soin de cet enfant oublié, lui accorder toute l'attention dont il a manqué et l'aider à grandir, à s'ouvrir, pour ne pas en rester prisonnier et l'éternelle victime.
Bien sûr, ce qui a été ne peut être changé, mais notre regard présent peut accueillir cela avec bienveillance et riche de cette expérience écouter les océans silencieux que portent les enfants qui nous entourent.

[MEL]

Par hasard, dans la liste des blogs, j'arrive ici. Sentiment bien partagé au sujet des enfants sages. Du coup, on n'a rien vu. Mais j'ai tellement souffert. On les oublie, les enfants sages.