Le temps du carême: un chemin de simplification

L'abbesse de l'abbaye Notre-Dame de Jouarre commente un passage de la règle de saint Benoît sur le carême.

"C'est vrai : pour revenir à Dieu [...] nous avons encore beaucoup à perdre, afin de lui laisser davantage de place dans nos vies et dans nos cœurs.

Cependant, ne nous y trompons pas, il s'agit non pas de nous épuiser dans une ascèse qui n'entame pas d'un millimètre notre volonté propre ; il ne s'agit pas en premier lieu de se priver de ceci ou de cela, mais plutôt de nous laisser simplifier, dégager, dépouiller peu à peu de ce qui n'est pas l'essentiel, pour acquérir ce qui nous construit en Lui.

Il nous faut laisser tomber tout ce que nous avons accumulé comme béquilles, tout ce qui nous fait croire que nous tenons debout toutes seules.

Nous avons mis en place tant de "choses", qui savent si bien nous tirer ailleurs et en tous sens ! Nous avons construit "nos lieux privilégiés", qui nous retiennent si bien.

Il n'est pas facile d'être simplement là où nous devons être, et d'être simplement disponibles pour un service qui ne nous appartient pas.

Apprendre à être un gérant intelligent, non un propriétaire absolu, de ce qui nous a été confié ; cela se vérifie même dans de très petites choses parfois. Il peut arriver que nous nous investissions de telle sorte que ce serait la fin du monde pour nous, si nous devions nous en défaire !"

"Un gérant intelligent" sait aussi se dégager de ce qui pèse, de ce qui rend le coeur lourd et plombe l'énergie. Simplifier c'est alors retrouver ce bel élan vital, ouvrir les fenètres en grand, permettre à un souffle nouveau de pénétrer mon coeur, mon corps et mon esprit.

En cette mi-carême, je peux décider d'accorder moins d'importance à l'ascèse mais vivre davantage orientée vers l'Essentiel, vers ce qui "me construit" et fait réellement mon bonheur.