Les possibilités merveilleuses

J'ai terminé la lecture du Journal d'Hélène Berr, jeune parisienne juive de 21 ans, qu'elle a tenu pendant l'occupation.

Voici ce que j'en retiens :

De la première partie, de l'admiration et l'envie de suivre son exemple dans ses lectures nombreuses, la place de la musique dans sa vie quotidienne (Mozart, Schumann, Bach, Beethoven...), le talent pour entretenir les amitiés par les visites fréquentes et le partage de l'écoute musicale.

En vraie parisienne, elle pose son regard aimant sur la ville. elle m'a donné envie de profiter de l'atmosphère changeante de Paris, de flâner en plein été, sans souffrir de ne pas quitter la ville.

"Nous avons marché, le soleil couchant dorait tout le vieux Paris. C'était une très belle soirée d'octobre. Nous nous sommes accoudés sur le quai près du pont des Arts. Tout frémissait, les feuilles des peupliers, et même l'air. Lorsque je suis rentrée seule, le cours la reine était sombre, la nuit s'y était déjà logée alors que le ciel était tout rose."

La seconde partie est beaucoup plus sombre avec un saut dans la souffrance, des réflexions plus poussées et de très belles pages de questionnements sur ce qu'est être véritablement chrétien ou sur l'incompréhension des autres dont le quotidien se poursuit sans savoir, sans voir, sans comprendre la tragédie qui se déroule à côté d'eux.

J'ai été particulièrement touchée par l'évocation de ces "possibilités merveilleuses" prètes à éclore qu'elle sentait s'éveiller en elle et en ses amis et qui l'amènent à attribuer une valeur fondamentale et unique à chaque vie humaine. ceci lui rend d'autant plus insupportable la déportation autour d'elle, tout ce gâchis aveugle et la souffrance du monde dont elle porte témoignage à travers son journal. Pour ne pas oublier.

Lire son journal, c'est rendre hommage à une belle âme dont la vie pleine de promesses a été, comme tant d'autres, confisquée.